Y'avait de quoi être en colère pour les sujets du bac 2003

   Les documents d'histoire se sont révélées être de véritables pièges pour le candidat moyen. Plus particulièrement le sujet n°1 concernant l'univers concentrationnaire d'Auchwitz. Vous trouverez des critiques ainsi qu'un corrigé trés bien formulés sur le site de Daniel Letouzey : http://hgtice.free.fr/peda/bac03cd.htm.
   



   J'ajoute ici d'autres remarques à partir d'un corrigé, pris sur http://www.histoire-geographie.org/bacj03c_primolevi.html, qui ne mériterait qu'un 5/8 au maximum

LE CORRIGÉ PROPOSÉ
LA CRITIQUE
et des pistes pour un VRAI DEVOIR D'HISTOIRE
- Une présentation du sujet

Ce sujet appartient à la première partie du programme, la Seconde Guerre mondiale. Ce texte de Primo Levi illustre bien ce que fût l'univers concentrationnaire, mis en place par l'Allemagne nazie qui dominait alors l'Europe.
Il est recommandé de bien présenter le document et de dire un mot sur son auteur, puis de répondre aux questions.
   L'objectif est différent pour le correcteur, il doit aussi y voir une compréhension globale d'un des noyaux fondamentaux du programme d'histoire de terminale : à savoir le génocide perpétré durant la Seconde Guerre Mondiale.
   C'est pour cela qu'un devoir bâclé de type "copier-coller" est d'autant plus impardonnable que pour tout autre chapitre du programme.

   Le problème est que le commentaire de ce document est desservi par les questions qui l'accompagnent. Y répondre strictement vous mène à ne traiter que superficiellement le document. Alors, il faut donc désobéir et faire un véritable travail d'histoire



II - Les connaissances essentielles

A - Présentation du document


Ce document est un texte de Primo Levi, tiré de son récit, Si c'est un homme, l'une des descriptions les plus poignantes de l'univers concentrationnaire. Primo Levi, chimiste de formation, résistant, juif italien, fut déporté à Auschwitz début 1944. A travers son œuvre, il a voulu montrer l'incommunicabilité de la déportation. Il s'est donné la mort en 1987.
   Le niveau d'exigence des correcteurs varie selon la série, les Littéraires n'ont aucune excuse s'ils ignorent Primo Lévi puisqu'il figure au programme de français. Les autres candidats l'ont forcément croisé, par un document étudié en classe ou figurant dans leur manuel. Il faut souligner les deux points suivants : c'est une oeuvre littéraire écrite deux ans après la tragédie et P.Lévy est une victime, un témoin et un des rares survivants du camp d'Auschwitz-Birkenhau. Il faut souligner aussi que ses études et une certaine chance lui ont permi de survivre. Affecté dans un laboratoire parceque étudiant la chimie, il ne connut pas l'élimination systématique à l'arrivée puis, à la fin de l'hiver 1945, il survécu à la marche forcée que les nazis imposérent à l'évacuation du camp.


B - Ce que l'auteur nous apprend sur l'univers concentrationnaire

Primo Levi nous renseigne d'abord sur l'organisation du camp d'Auschwitz, composé de deux parties :
Auschwitz proprement dit, capitale administrative de l'empire concentrationnaire(P*), avec vingt mille prisonniers ;
Birkenau, où étaient installés les chambres à gaz et les fours crématoires, et qui pouvait contenir jusqu'à soixante mille prisonniers, dont quarante mille femmes(P*).
Ce document nous informe aussi bien sur l'organisation méthodique, "scientifique", industrielle, de la machine à exterminer mise au point par les Nazis.

Ce texte nous apprend aussi que les Nazis poussaient à son extrême la logique de leur organisation en tirant profit de tout ce qui appartenait aux déportés exterminés : or des dents, cheveux pour faire des tissus, cendres pour servir d'engrais(P*). Cette exploitation des cadavres constitue l'un des aspects les plus abjects de l'univers concentrationnaire nazi, car les êtres humains y étaient traités comme des objets.
   Cette réponse comprend de nombreux exemples de paraphrases (P*), on ne voit même pas de guillements pour encadrer les citations extraites du document.
Ici, se limiter au texte est insuffisant, d'autres remarques peuvent être apportées :
   Sur «la capitale», il était possible de mentionner que le coeur du systéme génocidaire se trouvait sur les marches orientales du territoire allemand, en Pologne, pour que la destruction massive soit quelque peu cachée aux populations allemandes. Ce choix était aussi lié à la liquidation des ghettos polonais.
   Sur les "Lager", les camps de concentration ou de travail, à la fois bagne et gisement de main d'oeuvre servile et gratuite, étaient répartis sur tout le Reich.
   Enfin, l'industrialisation du traitement des déportés doit être démontrée, non pas en reprenant littéralement les points les plus choquants, mais en soulignant la folle déshumanisation du système.


C - Ce que nous apprend ce témoignage sur l'idéologie nazie ?

Ce document de Primo Levi nous apprend que le nazisme est une idéologie raciste et totalitaire.(*M )(*H)
Les Nazis ont cultivé la haine des Juifs, des Tziganes et des Slaves qui constituent la grande majorité des déportés à Auschwitz. Ces peuples ont été persécutés pour ce qu'ils sont et non pour ce qu'ils auraient pu faire.
C'est la notion même de crime contre l'humanité (*N)(*G)qui parcourt ce texte, crime que même le temps ne peut effacer.
La haine des groupes cités plus haut (*A, )(et en plus c'est assez hypocritement rédigé)est aussi accompagnée du mépris que les Nazis éprouvent à l'égard des êtres humains, ravalés au rang de bêtes et de matière première. L'être humain était nié en tant que tel.
Ce document de Primo Levi reste l'un des témoignages les plus forts et les plus poignants sur Auschwitz par sa simplicité et la description dénuée de haine de l'univers concentrationnaire.
    Le défaut le plus évident de ce développement est l'absence de précision. Aucun événement, aucune date, aucun homme n'est cité ici. C'est une épreuve d'Histoire, et non de contes et légendes, de théologie ou je ne sais quoi d'autres.

    Il faut absolument se soumettre à la discipline de l'histoire : des faits, des dates, des hommes et des relations causes-conséquences.
   Les faits : pas une seule date, conférence de Wannsee, rafle du vel d'hiv, procès de Nuremberg ? (*N)
   L'idéologie : le mot antisémitisme A*n'est même pas mentionné, à peine l'épithète raciste, Mein Kampf n'existe pas (*M)
   La persécution: mais il fallait remonter au moins à 1935 avec les lois de Nuremberg et, si possible, démontrer l'enchaînement graduel emmenant de la Nuit de cristal vers la "solution finale" et le génocide(*G) (tiens, ces deux mots sont absents du "corrigé").
   Les hommes : Les Nazis ne sont évoqués qu'en terme général, même Hitler (*H)est ignoré, pas un Himmler, pas un Heydrich


H.Vessemont septembre 2003