Pour les Etats-Unis,
les enjeux géostratégiques ont été moins perceptibles
pendant la guerre, on peut l'expliquer peut-être par l'éloignement,
ou par un certain optimisme que l'on peut imputer à
Roosevelt. L'occupation américaine ne devait pas s'étendre
au delà de 1946. Cependant, on peut interpréter le fait d'avoir
laissé les soviétiques prendre Berlin, alors que les troupes
américaines ont reçu l'ordre de ne pas progresser plus avant
vers la capitale comme étant révélateur d'un calcul
: la Ruhr n'est-elle pas plus importante à l'avenir ? Dès
la conférence de Potsdam se dessine l'approche américaine
du problème allemand. La volonté de conserver le potentiel
industriel à l'Allemagne, de ne pas y laisser l'Union soviétique
effectuer un quelconque contrôle en dehors de sa zone d'occupation,
prouve que les américains escomptent bien utiliser la puissance
encore effective de l'Allemagne ... au moins pour sa reconstruction .
Après une courte hésitation, où la solution de
la neutralisation paraît envisageable dans les milieux les plus hauts
de la diplomatie américaine, cet objectif devient la politique des
Etat-Unis par la suite : Il faut que l'Allemagne soit dans le camp de la
liberté. Le soutien américain au projet de CED, l'intégration
de la Bundeswehr dans l'OTAN en 1955, la méfiance envers les contacts
directs entre responsables soviétiques et allemands, l'installation
des Pershing sur le sol allemand, sont la preuve de la volonté américaine
d'ancrer fermement la RFA dans le camp atlantique.