Si, en 1949, les allemands ont retrouvé une souveraineté, leur
autonomie est toutefois largement limitée par les anciens vainqueurs
devenus protecteur indispensables, la RFA participant activement à la
construction européenne, avec la création de la CECA en 1950-51,
La RDA adhérant au CAEM. L'échec de la CED qui, certes témoigne
de la méfiance vivace des français devant la renaissance du
militarisme allemand, conduit les deux Allemagnes à s'intégrer
dans les alliances militaires de chaque bloc. En 1955, la RDA et la RFA
deviennent respectivement des membres du pacte de Varsovie et de l'OTAN.
La question allemande revient au centre de l'actualité au tournant
des années 1960. L'enjeu est alors la survie de la RDA, dont la légitimité
du régime avait déjà vacillé lors des émeutes
ouvrières de Berlin-est en mai 1953. La démocratie populaire était
alors le seul pays dont la population a décru depuis 1945, dans toute
l'Europe du baby-boom.
L'attraction de la RFA attire un flot constant de réfugiés.
Ce phénomène, lié à la ligne diplomatique de la RFA,
la doctrine Halhstein , consistant à rompre toute relation diplomatique
avec tout pays reconnaissant la RDA, est ressentie comme un acte d'hostilité
délibérée par les dirigeants communistes. La seconde crise
de Berlin, de 1958 à 1961, est beaucoup plus une affaire intra-allemande
qu'un élément de l'affrontement entre soviétiques et américains.
Lancée par Khrouchtchev, voulant réduire la tumeur "cancer
berlinois", cette période se termine par la construction du mur par
les autorités est-allemandes au mois d'août 1961. Cette crise a
permis la survie de la RDA. La modestie de la réaction américaine
peut être une preuve du jugement du Président
Kennedy ; il s'agit d'une affaire
interne à l'Allemagne. La partition de l'ancienne capitale du Reich
referme la dernière porte entre les deux Allemagnes. Ainsi, dos-à-dos,
coexistent deux Etats frontaliers pour une seule nation.
H.VESSEMONT