Issu d'une famille de notables radicaux, J.Chirac, étudiant, co-disciple de Michel Rocard à Sciences-Po, milite dans des mouvements de gauche proches du Parti communiste (Signature de l'appel de Stockolm, vente à la criée de l'Humanité, etc) Son engagement paraît pourtant trop superficiel et il n'est pas invité à prendre sa carte. Aprés des études classiques pour un homme politique ( Science Po, ENA) et un semestre à Harvard, il participe à la guerre d'Algérie comme officier.
Devenu haut-fonctionnaire, son efficacité le fait remarquer auprès de G.Pompidou. Élu député de la Corrèze en 1967, il fera de ce département un bastion gaulliste. Au plus fort de la crise de mai 68, il est chargé de contacter Georges Séguy, leader de la C.G.T, l'amenant à négocier les accords de Grenelle. Il obtient un poste de Secrétaire d'État dans le dernier gouvernement de la présidence du Général de Gaulle .
Il devient un homme politique de premier rang sous G.Pompidou. Nommé ministre de l'agriculture en 1972, d'où il en garde une image très positive auprès des agriculteurs, puis en 1974, ministre de l'intérieur, il est chargé, entre autre, d'organiser les élections à la suite du décès du Président.
Le soutien qu'il donne à Valéry Giscard d'Estaing, malgré la présence d'un candidat gaulliste, Jacques Chaban-Delmas, est déterminant et lui assure, la victoire passée, à la fois le titre de premier ministre et la direction du mouvement gaulliste qu'il assure depuis 1974. En conflit sur la politique économique et européenne du Président Giscard d''Estaing, il démissionne en 1976 et transforme une UDR vieillissante en un RPR totalement dynamisé par cette nouvelle attitude de quasi-opposition.
Son élection, en 1977, comme Maire de Paris, contre un candidat soutenu par l'Elysée, en a été la preuve la plus flagrante. Ce mandat lui permet de rester un homme politique de premier rang. La Mairie de Paris devient une vitrine du chiraquisme et une réserve de hauts fonctionnaires dont s'entoure J.Chirac. Beau nombre de ses ministres et fidèles ont eut, un jour ou l'autre, une fonction dans l'administration de cette ville..
Il se présente contre Valéry Giscard d'Estaing en 1981, l'échec de la candidature de Michel Debré,obtenant moins de 2% des voix, lui assure, certes, la totale maîtrise du mouvement gaulliste, mais fait perdre la présidence à la droite. La victoire de François Mitterrand s'explique d'ailleurs beaucoup par l'inimitié franche entre le Président et son ancien Premier Ministre .
Reconnu comme le chef de l'opposition, il mène la reconquête du pouvoir . Gagnant les élections de 1986, leader d'une droite dynamisée par la mobilisation pour la défense de l'école confessionnelle (1984) et par les premiers échecs des socialistes (tournant de la rigueur -1982- hausse du chômage), il est appelé à diriger le premier gouvernement de cohabitation. La politique qu'il applique a comme modèle l'ultra-libéralisme d'outre-Manche ( Thatcher) ou d'Outre-Atlantique ( Reagan). Ainsi, il orchestre la première vague de privatisation depuis 1945. Cependant, le dynamisme libéral est mis à mal par le Krach d'Octobre 1987. Le mécontentement d'une partie de l'actionnariat populaire et le reproche d'une pratique du pouvoir trop brutale, contre les lycéens en 1986, et contre les canaques, au cours de la campagne électorale, lui font perdre les élections présidentielles devant F.Mitterrand, en mai 1988, qui, tout au long des deux ans de cohabitation, n'est pas "resté inerte".
La petite victoire des socialistes aux législatives qui suivent la réélection
de F.Mitterrand en 1988 permet d'envisager une autre stratégie pour la
reconquête. L'usure du pouvoir, marquée par la mutiplication des
scandales et la dépression économique, 3 millions de chômeurs
en février 1993, entraîne la victoire historique d'une droite unie
dirigée par J.Chirac.
Contrairement à la première
cohabitation, le poste de Premier Ministre ne lui revient pas, il est laissé
à Edouard Balladur, dont la fonction d'expert
et la confiance des milieux financiers permet de préparer les présidentielles
de 1995. Ce choix, en le mettant à l'abri des dangers de la gestion
quotidienne du pays, paraît le laisser toutefois sur la touche.
Après plus d'une année de relatif retrait, prenant de vitesse E.Balladur, favori des sondages, il se déclare
candidat en octobre 1994 et mène une campagne active. Il y présente
une image inédite, critiquant l'immobilisme du premier ministre candidat,
lui aussi issu du RPR, et, sur le thème d'une "France pour tous",
rassemble les bonnes volontés afin de réduire "la
fracture sociale". Arrivé second au premier tour, ( 21%
contre 23 % pour Lionel Jospin), il est élu Président de la République,
le 8 mai 1995, avec plus de 52% des voix.
Installant un gouvernement dirigé par Alain Juppé, il est très tôt obligé
de revenir sur ses promesses en octobre 1995 et laisse son premier ministre s'attaquer à
la réforme de l'assurance sociale. La grève, de novembre à décembre
1995, qui répond au plan Juppé est une réaction dont l'ampleur
est sans précédent depuis 1968.
Empétré par l'impopularité acquise depuis cet événement,
renforcée par les scandales touchant l'ensemble du RPR, Jacques Chirac tente de rétablir
son pouvoir en décidant la dissolution de l'Assemblée Nationale à froid, pensant
prendre la gauche de court.
La victoire confortable de l'opposition, le 1er juin 1997, l'affaiblit
considérablement et l'oblige à cohabiter avec un premier ministre socialiste, son ancien
adversaire des présidentielles : Lionel Jospin
Candidat une nouvelle fois aux élections de 2002, il sut encore mener une campagne habile en chevauchant le thème de l'insécurité, faisant gommer toute attaque envers sa probité et sa capacité réelle de gouverner pour s'attaquer au chef de gouvernement, le socialiste Lionel Jospin. Par le score surprise de Le Pen,, le talonnant alors qu'il n'a pas recueilli 20% des suffrages, il devient le soir même, le représentant de l'ensemble des démocrates face au danger d'extrême droite.
Après avoir été élu avec un programme de gauche en 1995, il l'est avec les voix de la gauche le 5 mai 2002. Il totalise plus de 82% des voix au second tour. Il tente désormais de remporter le grand chelem en faisant une politique spectaculaire pour remporter les législatives de juin.
.
H Vessemont -Dernière mise à jour - 9mai 2002 - entre le deuxième et le troisième tour